Wednesday, November 5, 2014

Quoi d'neuf maman? #1

C'était pas gagné. Loin de là. C'était 6 ans de ma vie, c'était une famille, c'était surtout des promesses. C'était Elle, la bouche de son père et mes yeux. C'était cette impression d'avoir échoué, d'avoir raté.

Au début j'ai cru que ça serait dur. Beaucoup trop dur pour mes épaules abîmées.

Au début, j'ai eu du mal à écrire, à raconter. J'ai pris mon temps, pour trouver mes marques.

Et puis tout s'est si bien enchaîné, tout s'est simplement mis en place, jusqu'à ce que l'évidence prenne le dessus. L'évidence que tout se passe juste comme cela devait se passer. L'évidence que ma vie suit le bon chemin.

4 mois plus tard et je suis juste heureuse. Heureuse du chemin parcouru et fière aussi.

Heureuse, simplement en fait.

Le 2 juillet, soit le lendemain de mon retour en France, je trouve un travail dans l'éducation nationale. J'ai deux donc deux mois devant moi pour nous préparer, Lou et moi, à tous ces changements. Je renoue avec d'anciens amis, ceux qui ont résisté à la distance. Je rencontre de nouvelles personnes, on participe aux réunions LLL, on prends du temps pour nous. Et aussi du temps pour moi, pour me retrouver.

A Lou, je lui raconte, je lui parle, je lui explique. Ma fille ressent chacune de mes émotions. Je la trouve souriante, sereine, calme. Je le suis, moi.

Pauvr' Sophie...


Plus les jours passent, et plus je sais pourquoi ça n'a pas marché, "mon ex" et moi. Je sais que je n'étais pas heureuse, pas libre. Prisonnière d'un amour destructeur. Plus les jours passent et plus je sais aussi que cet ex là est surtout un super papa, qu'il fera tout ce qu'il peut pour sa fille et que c'est bien tout ce qui compte.

Plus de rancœur, plus de colère, plus d'incompréhension. Nos échanges sont presque doux. On se revoit pour la 1ère fois depuis notre rupture pour les 1 an des grosses-joues. On rit ensemble, on joue avec Lou, on discute, on cododote tous les trois, le plus simplement du monde. Lou est aux anges de voir son papa et elle ne semble pas perturbée. Les enfants savent, les enfants comprennent.

Smash the cake !
Bientôt, un billet sur la journée de sa 1ère bougie !

Lou sait, j'en suis convaincue, qu'elle manque terriblement à son papa. Il voudrait venir plus, il voudrait se réveiller encore chaque matin face à sa gueule d'ange qui sourit. Mais voilà, 1500 km les sépare. Pas besoin de se torturer quand il est impossible de faire autrement pendant quelques mois, quelques années. Pour l'instant, je ne peux pas vivre en Espagne ; il ne peut pas vivre en France. Alors il lui chante leur chanson via Skype, il lui murmure des mots doux au téléphone, il se régale avec les photos/vidéos quotidiennes que je lui envoie.

Et moi je compose au jour le jour, je compense, je l'inclue dans sa vie de tous les jours. Papa par ci, Papa par là. Et je mets de côté la culpabilité et la tristesse de voir Lou grandir sans son père présent au quotidien. Il vient une fois par mois, nous dormons tous les trois, nos grosses-joues au milieu, une jambe sur papa, un bras sur maman. Il lui caresse la tête quand elle tète, il la couvre de bisous et lui répète combien il pense à elle chaque seconde. Non, nous ne nous mentons pas. Nous ne lui mentons pas. Nous vivons simplement notre rupture, sereinement. Nous ne faisons que ce que nous savons faire de mieux : aimer notre fille. Et nous le faisons comme nous l'avons toujours fait : sans retenue, sans barrières.

Aujourd'hui, je suis quand même fière de nous. Il existe toutes sortes de familles. Même si aux yeux de tous nous n'en sommes plus vraiment une, nous restons NOUS, unis, solides et solidaires. La seule chose qui restera toujours important pour moi car c'est ce qui est important pour Lou. A travers ce billet, je voudrais lui dire "merci". Il saura pourquoi.

La vie c'est ça aussi. C'est prendre le meilleur et laisser de côté un idéal souvent impossible. J'ai pleuré toutes mes  tripes quand il a fallu partir ce 1er septembre pour laisser ma boule de bébé de si longues heures. J'ai pleuré tout mon être quand j'ai réalisé, presque trop tard, que je ne serais plus à ses côtés chaque jour, chaque seconde.



Qu'on ne me dise pas que c'est normal de laisser son enfant pour bosser. Qu'on ne me dise pas que c'est logique et sain.
Qu'on ne me dise pas non plus que c'est bon pour bébé, que nous ne sommes pas QUE des mamans.

Je suis Coralie. Mon métier ne me défini pas et ne me rend pas libre. Mes seins ne me rendent pas plus féminine. Ma fille n'a pas fait de moi JUSTE une maman. C'est ce que j'aime, ce que j'ai vécu, ce que je pense qui fait de moi ce que je suis. Pas le fait de travailler ou d'être maman au foyer.

Non. Travailler ne me fait pas plus de bien que de rester avec ma fille. Non. Je n'ai pas besoin de passer 10 heures par jour loin d'elle. Pour moi, la normalité, c'est d'accompagner l'enfant a qui j'ai donné la vie aussi longtemps que nécessaire. Pour moi, la logique, c'est d'attendre que cet enfant se détache de lui même. Pour moi, la séparation forcée n'a aucun bénéfice, aucun avantage. Voila ce que JE pense, voila ce qui ME défini. Ma normalité, ma logique, mon désir.

Alors forcément, ce 1 septembre, j'étais loin d'être jouasse... Mais je me suis forcée à sourire. Je me suis répétée tout le long du trajet "c'est pas gagné mais ça ira".



"Je trouve un travail dans l'éducation nationale". Je suis Assistante d'éducation dans un collège des quartiers nord de Nice. Une Zep. Je suis surveillante en fait. Pionne, quoi. Et j'adore.

Pendant l'entretien, j'ai parlé "éducation bienveillante", "parentalité positive". "Ils vont te bouffer mais tente-le". Et je l'ai tenté. Et même que ça marche. Je ne crie pas, je parle. Je ne punis pas, j'écoute. Et ma meilleure arme, c'est l'humour!

J'adore ce contact avec ces gosses, oubliés par la chance. Car c'est clairement ça. Du collège, ils ont vue directe sur leurs tours. Et de leurs tours, sur les voitures de flic qui patrouillent. Pour la grande majorité, il n'est pas franchement question de maternage proximal chez eux. Et l'amour, c'est après. Quand les factures seront payées et le frigo remplit Les 1ères semaines, je rentrais vidé d'avoir tellement donné. Oui je "m'emmerde" à essayer de communiquer avec eux, je "m'emmerde" à les écouter.

J'aime ce que je fais, j'aime me dire que, peut-être, je ne suis pas inutile pour eux et que je peux les aider à trouver leur place. Ou du moins, à la chercher.

Je vais laisser mes grands projets pro de côté pour une année, histoire de bien me laisser le temps de choisir ce que je veux vraiment faire. Je suis en CDD renouvelable 6 ans. Je n'abandonne pas le métier de doula, au contraire. J'ai même l'idée d'une association de maternage dans la tête. Mais je suis aussi très tenté par la possibilité de passer quelques concours pour travailler avec des ados. Je laisse ma bonne étoile me guider car, de toute évidence, elle me suit de près.



C'était pas gagné. Ça l'est jamais. C'est jamais facile, jamais évident. C'est juste la vie. C'est tout simple en fait. Il suffit d'y croire un peu, de sourire même quand tout nous pousse à pleurer, de se battre pour soi.

C'est le plus beau des combats.

Maintenant, je vis chez moi. Notre chez nous, à Lou et à moi. Repartir de 0, ça a du bon. Voila presque un mois que je sillonne les rayons d'Ikea, Casa, Maxi Bazar, Leroy Merlin. J'aime mon appart. Il est vide de souvenir et ne demande qu'à entendre des rires ! Je me suis éclatée à décorer la chambre des grosses joues. Elle à l'air de l'adorer. On se construit une nouvelle vie et dans sa chambre trône quelques photos de nous 3, elle, son papa et moi. Parce que ça, ça ne changerais jamais. Nous serons toujours ses parents.

Plus de photos dans le prochain "Quoi d'neuf bébé?" #5

Je pourrais me plaindre que c'est difficile d'assumer le quotidien seule. Supporter seule les mauvais moments et vivre seule les meilleurs.
Je pourrais répéter combien je suis fatiguée de ces (putains de) longues journées et de ces nuits trop courtes.
Oui, c'est difficile. Oui, je suis fatiguée. Mais je suis MOI. Je ne l'étais plus. Je me cachais derrière les "il faut", les "on doit". Je me cachais derrière un amour si puissant que je le pensais, je le rêvais indestructible. A tord.

Maintenant je sais, ma seule obligation c'est d'être heureuse !

Et c'est uniquement lorsque je le suis que Lou l'est.

C'est plus dur de ressasser et de cogiter que d'accepter. C'est plus dur de souffrir que d'avancer. On ne vit pas avec la colère et la culpabilité. On survit à peine ! Moi je veux vivre et rire et rêver et espérer et grandir !


Je ne recommence pas ma vie, je la continue, je l'améliore, je l'embellis. Je souris ! 
Et je blogue !

 


- A suivre - "Quoi d'neuf bébé? #5" avec au programme : motricité libre, langue des signes, VEO (Violence Educative Ordinaire), sommeil, Montessori, activités, etc.

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